C’est le blog Sete’Ici qui l’a relevé : la RATP a lancé un appel à compétences pour la fourniture d’un outil de biométrie faciale aux fins de péage. Le principe est simple : la caméra identifie le voyageur en scrutant son visage, et celui-ci est débité sur son compte. Magique !
L’objectif de ce projet est l’étude d’un nouveau concept de péage de transport public, sans barrière antifraude », annonce le cahier des charges. L’outil serait ainsi « capable d’une détection automatique du voyageur, en entrée et en sortie, sans ou avec présentation d’un objet communiquant ». A chaque passage, un signal lumineux valide la régularité de sa situation. En substance, vert, il passe, rouge et alarme, il est en infraction. Pour la RATP, le passage des voyageurs se fera de manière fluide, un critère vital lorsque les queues se rallongent devant les portiques.
Les voyageurs seraient identifiés à la volée le plus simplement du monde « Le système ira donc comparer la signature biométrique du voyageur présent devant les capteurs, à celles enregistrées en base de données et calculera un coût de transport ». Facile, automatique, parfait. La régie prévoit un système bien huilé : détection, comptage en temps réel de personnes en mouvement et l’identification par comparaison de signatures. Traitement du contrat. Gestion client (retour visuel/sonore, voire obstacle en cas de fraude).
Le projet en question ne vise qu’à construire une maquette sur une plateforme de test programmée pour décembre 2013. « La finalité de cette expérimentation est la réalisation d’un démonstrateur permettant de quantifier la fiabilité du comptage et surtout de l’identification » avance la RATP. Le dispositif fait plutôt froid dans le dos puisque si le voyageur n’est pas reconnu par cet œil électronique, « l’application enregistre la signature biométrique dans une base de données de «fraudeurs» afin de pouvoir enregistrer l’ensemble de ses infractions ». Bonjour la présomption d’innocence en cas de faux positifs !
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Science-fiction ? Nous avions déjà évoqué les travaux du japonais Hitachi Kokusai Electric capable de capturer une photo et de reconnaître la personne en une seconde sur une base de 36 millions d’autres photos. Il suffit que les visages soient « flashés » selon un certain angle de vue avec des images d’au moins 40 pixels x 40 pixels.
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Le projet du japonais Hitachi Kokusai Electric
Son concepteur envisageait justement des applications dans les gares et autres lieux de transports. Ces dispositifs de reconnaissance faciale avaient été aussi envisagés un temps à des fins pénales lors des débats sur l’usurpation d’identité, avec l’exploration d’une base centralisée à partir d’une photo d’identité dans le cadre de réquisition judiciaire.
Le document de la RATP portant référence « RATP-ING-SVM-BRS (version1.0) CSFT biométrie » était hébergé sur le site PactePME, un carrefour de rencontre entre les PME et les grands comptes autour de besoin particulier. Avec une date de clôture au 23 juin 2013, déjà une entreprise avait été « identifiée à ce jour » pour y répondre.
Malheureusement, nous venons de le découvrir : tout a été retiré depuis, tout comme le PDF hébergé sur un compte Dropbox. On trouvait dans ce PDF les noms de Mathias Duhau, responsable Système Billetique de la RATP et Francis Sykes, Responsable de l'ingénierie tarif/collecte, ainsi que Jacques Bahadori, le responsable produit "cartes à puce", tous à la RATP.
Nous attendons des explications du prestataire et de la RATP, vainement pour l'instant. En attendant, sous un air de Barbara Streisand, nous avons remis la main sur une copie de ce PDF ainsi que l’appel à compétence en capture ci-dessus.
(Mise à jour : projet abandonné, les explications de la RATP)
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http://www.pcinpact.com/news/79901-la-r ... aciale.htm
Marche arrière ! La direction de la RATP nous a finalement indiqué que le projet de biométrie faciale était définitivement abandonné. Hors de question de flasher les visages des usagers pour calculer le prix de leurs circuits.
Des caméras partout dans le métro, des voyageurs identifiés par caméra à la volée, puis facturés automatiquement après reconnaissance faciale. C'est ce petit projet fou qui a été repéré dans un appel à compétences lancé par la RATP. La question des flux et des barrières de péages est une problématique réelle au sein de la régie. Mais pour le coup, la RATP nous révèle que son projet de péage par reconnaissance faciale est finalement abandonné. Elle évoque un raté, un bug, un déraillement.
« Effectivement, la RATP avait lancé un appel à compétences, mais il s’agissait d’une initiative non validée par la hiérarchie. Cette démarche ne correspond pas du tout à la déontologie de l’entreprise. C‘est une initiative venant d’un bureau interne. On a du coup abandonné ce projet qui est retiré de pactePME.org » nous indique la direction de la RATP, qui nous l’avoue, « en clair, c’est une erreur ».
Dans le PDF du cahier des charges, étaient mentionnés pourtant les noms de plusieurs responsables, comme Mathias Duhau, en charge du Système Billetique, Francis Sykes, responsable de l'ingénierie tarif/collecte, ou encore Jacques Bahadori, le responsable produit cartes à puce. Mais la RATP reste droite sur ses rails : « Effectivement, il y a eu une équipe qui a travaillé dessus. La RATP est structurée en départements, unités, entités, mais elle n’en a pas déféré à sa hiérarchie et encore moins à son directeur de département. »
Mais pourquoi ces travaux ? « Nous faisons beaucoup de recherches et de développement. Des équipes cherchent des possibilités, font des expérimentations, sans pour cela que cela aboutisse. Là, c’est une erreur de notre part, cela n’a pas été validé et ne correspond pas à l’esprit de l’entreprise. On ne travaille pas dans ce sens-là. » Bref, une vraie zizanie dans le métro.
