Je voulais lancer sur ce forum un sujet qui m'interroge depuis quelques temps, afin de recueillir vos avis plus ou moins éclairés de spécialistes

Depuis les années 80 en France, le retour en grâce des transports en commun de surface (tramways modernes et autobus tendant vers le BHNS) s'est accompagné d'une révolution technique par rapport à ce qui s'était pratiqué pendant des décennies : le plancher bas, au même niveau que le trottoir (une vingtaine de cm). Qu'il s'agisse des autobus ou des tramways modernes, tous les constructeurs ont suivi cette tendance, avec la finalité légitime d'accélérer les échanges de voyageurs, permettre l'accès de plain-pied pour les PMR et UFR, et éviter que des marches ne viennent manger de l'espace intérieur...
A contrario, nos amis d'Amérique du Sud ou d'Asie, forts d'une expérience longue en matière de bus à haut niveau de service, semblent au contraire tendre vers des approches couplant {b)plancher haut et quais hauts[/b]. Comme par exemple ce bi-articulé brésilien sur base Volvo :

A bien y réfléchir, c'est loin d'être idiot :

- Le moteur, la boite de vitesses et les organes volumineux se trouvent sous le plancher, sans empiéter sur l'espace dévolu aux voyageurs
- une architecture mécanique simplifiée, en évitant les renvois d'angle, arbres de transmission, moteurs verticaux, ou bien sur les tramways, en s'épargnant des bogies spécifiques surbaissés
- l'irruption des passages de roues dans l'habitacle est réduite au minimum, et ne conditionne plus l'emplacement des sièges
- sans ces contraintes, le carrossier dispose de bien plus de liberté dans le nombre et la taille des portes, y compris du côté gauche
Le corollaire d'un plancher haut, c'est évidemment un quai haut..., en tout cas si on veut conserver l'accès de plain-pied. Ce qui peut paraître contradictoire avec la volonté des aménageurs de fondre les transports en commun dans le paysage urbain en y occasionnant le moins de coupures visuelles possibles. Mais ce n'est ni impossible, ni dénué d'intérêt d'un point de vue de l'efficacité du transport :
- un arrêt de bus/tram à 60 ou 80cm de hauteur reste accessible par 3 ou 4 marches, ou une rampe d'une longueur raisonnable
- à cette hauteur, il est bien plus facile de matérialiser l'arrêt dans la géographie urbaine, afin de permettre un meilleur respect de la part des automobilistes et des usagers, éviter les stationnements sauvages "jean aipour5minutes" et les tentatives de voyageurs de monter hors arrêt
- de la même manière, un arrêt surélevé peut bien plus facilement être fermé par des barrières de contrôle afin de limiter la fraude sur le réseau
- en dissociant clairement les zones d'embarquement/débarquement des passagers du reste de la voie publique, on éviter l'interaction dans cette zone avec des passants, des cyclistes, etc
- Avec des portes côté gauche, la possibilité de stations centrales offrirait de nouvelles perspectives intéressantes en matière d'aménagements urbains.
Pourquoi ne pas transposer ce concept en France ? Des bus ou des trams à plancher haut sur les lignes fortes : du matériel plus rationnel, des échanges de voyageurs plus rapides, une meilleure capacité d'emport à surface occupée égale... et pourquoi pas ?
