Je pense donc que le cocktail est : jeunes adultes + numérique + communication / marketing = "lane".

P.S. En matière de covoiturage dynamique dans la région, il y a aussi covoit'ici du côté de l'Ouest Lyonnais.
TRANSPORTS Comment les Français vont-ils au travail ?
La gronde des gilets jaunes, qui va s'exprimer samedi, interroge le rapport des Français aux carburants et aux voitures. Pour 7 actifs sur 10, l'automobile est avant tout le moyen d'aller travailler chaque jour. Auto, métro, boulot: petit tour des habitudes des Français dans leurs déplacements.
Près des 3/4 des Français prennent le volant pour aller au travail. En France, la proportion de gens qui vont au travail en voiture est très largement majoritaire : plus de 70% des actifs.
Les transports en commun ne représentent que 15% de leurs trajets. Mais ces chiffres masquent des réalités très contrastées suivant les territoires.
Les Français et la voiture
La proportion de ménages disposant d'au moins une voiture symbolise à elle seule la différence des habitudes entre villes et champs. Et même plus encore, entre Paris et les régions françaises.
Ainsi, dans la capitale (2,2 millions d'habitants), seuls 36% des foyers ont une automobile. Dans l'agglomération strasbourgeoise, ce taux monte déjà à 71% malgré la présence du premier réseau cycliste de France. Le chiffre est sensiblement le même à Lyon (72%) et à Lille (75%).
Et plus on sort des grandes zones urbaines, plus le chiffre grimpe : 88% à Niort, 89% à Toul, 91% à Bourg-en-Bresse, 92% à Pontarlier. Dans ces secteurs, il reste impératif d'avoir une voiture pour se déplacer.
Les transports en commun d'abord à Paris
Conséquence logique de ce constat, les Parisiens, et plus globalement les Franciliens, vont très largement travailler en transports en commun. Dans la capitale, ils sont 68% à utiliser métro, bus ou RER. Et 43% pour toute l'IIe-de-France. Seuls 13% des habitants de cette région utilisent leur voiture.
En région, c'est l'inverse : 78% des actifs prennent leur véhicule pour aller au travail. La part des transports en commun descend à moins de 8%.
Entre Paris et les régions, un seul chiffre est quasi-identique, celui de la proportion d'actifs qui vont travailler en vélo : 4,7% dans la capitale, 4,8% ailleurs. L'Insee précise que les cyclistes sont plutôt "des hommes, urbains et diplômés du supérieur"'.
En province, le vélo pour les petites distances
Toutefois, les provinciaux se distinguent nettement des Franciliens quand il s'agit de choisir le vélo pour une courte distance. De un à deux kilomètres, ils sont près de 14% à monter en selle dans les différentes régions de France. Les Parisiens sont bien en-dessous: moins de 6%.
En Ile-de-France, les transports en commun restent privilégiés pour ces petits parcours.
Parfois plusieurs dizaines de kilomètres à parcourir
L'Insee les appelle les "navetteurs": ce sont ceux qui vivent dans une commune et travaillent dans une autre.
Très logiquement, l'institut relève que dans les secteurs les moins peuplés, cette population doit faire plusieurs kilomètres pour rejoindre son emploi: près d'un tiers parcourt entre 10 et 20 km chaque matin et chaque soir. Et pour environ 15% d'entre eux, c'est 30 à 50 km!
Dans ces territoires où les transports en commun sont inexistants ou presque, la voiture semble donc indispensable.
alecjcclyon a écrit :Bonjour,
Le TOP est prévu pour 2030 et je me posais la question de quels types de transport le secteur Porte de Lyon-Saint Genis Laval-Pierre Bénite-Hopital Feyzin Vénissieux aurait besoin ? Plutôt tramway ou BHNS (il faut penser à l'avenir et pas à l'instant t) ?
DÉCRYPTAGE] GILETS JAUNES : LES RÊVES BRISÉS DE LA FRANCE DES RONDS-POINTS
Samedi 17 novembre, 2 000 rassemblements en France ont réunis282 000 gilets jaunes à travers la France pour protester contre la hausse des taxes sur les et plus généralement sur la baisse de leur pouvoir d’achat. À travers ce mouvement, c’est en réalité un modèle d’aménagement périurbain qui est dénoncé car il n’est aujourd’hui plus tenable.
Avec les gilets jaunes vient de naître un nouveau type de manifestations dont le mot d’ordre, surligné en jaune fluo, est la colère sur fond de trahison dont s’estiment victimes les habitants des zones dites "périurbaines". Cette terminologie sociologique recouvre une partie de la population française qui a voulu protester contre le prix de l’essence en utilisant ce qui fait son quotidien : les routes et les ronds-points !
Dans ces zones "mi-ville, mi-campagne", les lotissements ont fleuri depuis les années 80 amenant leur kyrielle de ZAC et de ZAD. Ils étaient supposés offrir à leurs habitants tous les rêves de "confort moderne" avec ses supermarchés pour s’alimenter et s’habiller, ses bureaux fonctionnels dans ces constructions précaires sur deux étages. Le tout accessible par un et seul unique moyen de transport : la voiture, gage de liberté de mouvement.
Ce rêve implicite est en train de se briser sur une réalité : l’insoutenabilité économique du modèle !
Les maisons sont la plupart du temps achetées à crédit. L’endettement des Français ne cesse d’augmenter. L’encours des crédits immobiliers représentait 63 % des revenus disponibles en 2015 contre seulement 34 % en 2001. Le taux d’endettement des ménages français est passé, selon la Banque de France, de 88,8 % de leurs revenus en juin 2016 à 93,9 % en juin 2018. À titre indicatif, il est de 131 % aux États-Unis. Le volume de crédits immobiliers atteint aujourd’hui 1 131 milliards d’euros sur un volume global de crédits au ménage de 2 040 milliards d’euros : plus de la moitié
Aménagement du territoire
Or l’équilibre budgétaire des Français aux revenus modestes qui veulent réaliser leurs rêves de possession d’une maison individuelle est très précaire et l’augmentation du prix de l’essence le fragilise plus encore. C’est encore pire pour les maisons construites en zones inondables dont la valeur marchande diminue à chaque inondation et finit par s’évaporer avant la fin du crédit pris pour l’acheter.
Que faire ? Repenser l’aménagement du territoire en s’attaquant de front à la question des mobilités.
Le gouvernement doit examiner, le 21 novembre, un projet de loi sur le sujet. Il a été interpellé par 23 ONG dont le WWF et Greenpeace dans une tribune publiée le 12 novembre dernier. Elles lui demandent d’adopter une politique de transports socialement juste et cohérente avec l’urgence climatique précisant : "Il faut libérer notre pays de son addiction au pétrole en raison d'une politique des transports axée depuis des décennies sur le recours à la voiture et un aménagement du territoire qui a allongé les distances à parcourir."
Et on en revient aux ronds-points construits avec l’argent des contribuables. On en compte entre 40 000 et 50 000 sur tout le territoire ! Ils ont façonné cette France péri urbaine qui s’exprime aujourd’hui. Or cette dernière mérite pourtant d’autres modèles urbains que ceux qui consistent à faire tourner en rond des automobilistes en gilets jaunes.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic
© 2018 Novethic - Tous droits réservés
POUR ALLER PLUS LOIN
TRANSITION ÉNERGETIQUE - Publié le 16/11/2018
amaury a écrit :Les gens qui manifestent ne sont pas contents parce que c'est de plus en plus difficile de boucler les fins de mois. Voilà. C'est dit. C'est le seul point commun que j'ai trouvé dans la diversité des discours. Ils ont l'impression de se faire avoir en matière d'imposition alors que des allègements sont consentis aux plus riches. Et voilà que l'essence augmente beaucoup. Là, ils voient rouge. Dès lors, ils déroulent le discours :Certaines de ces assertions sont fausses parce qu'elles généralisent (j'ai vérifié avant de le dire...) mais c'est comme ça que les gens voient les choses.
- Lorsqu'on travaille dans certains secteurs, on n'a pas le choix, il faut une voiture.
- Lorsqu'on est en famille avec deux enfants, il est impossible de rester en ville et il faut partir loin en périphérie pour avoir un 4 pièces décent
- Lorsqu'on a des enfants, il faut les emmener à l'école. Comment on fait sans voiture ?
- Dans les zones moins denses, on supprime les lignes. (re)Mettez-nous des transports collectifs et on les prendra !
Cette France qui manifeste, ce n'est pas la France de la pauvreté, celle qui est "tout en bas de l'échelle" (ceux-là n'ont même pas de voiture, pas obtenu de prêt pour tenter de devenir propriétaires et vivent plutôt en centre-ville ou autres quartiers de relégation périphériques). La France qui manifeste en gilet jaune, c'est la France juste au-dessus. Celle qui est croyait pouvoir accéder au modèle qui la fait encore rêver : la maison pavillonnaire avec un bout de terrain (on est chez soi, on peut inviter des amis, on peut faire un barbec tranquille, on a de la place, on est dans une ambiance plus calme...). Celle qui veut accéder à ce qu'elle considère comme la normalité : le grand écran plat, les tablettes... Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que c'est exactement mon histoire familiale avec une enfance dans le périurbain et l'incapacité de rembourser le prêt qui nous oblige à déménager. Mais on n'est pas là pour parler de mon vécu !![]()
amaury a écrit :Dans la France qui manifeste en gilet jaune, il y en a qui exècrent les plus pauvres, ceux qui sont accusés de fainéantises, "ceux pour qui on paye".
Pour d'autres manifestants, les ennemis, ce sont les "bobos", la fameuse figure repoussoir des gens pleins de fric qui peuvent se permettre de manger bio, de vivre dans des endroits qui offrent la possibilité de se déplacer sans voiture mais qui sont accusés aussi tour à tour d'être propriétaires de grosses voitures hybrides ou 100% électriques, de partir en vacances en avion...
amaury a écrit :Derrière tout ça, il y a évidemment le fameux sentiment de déclassement. On sait aujourd'hui que "l'ascenseur social" est en panne. On entend bien qu'il faut se serrer la ceinture, tant sur le plan économique que sur le plan énergétique, d'émissions de polluants ou de gaz à effet de serre. On l'entend mais on pense que tout le monde n'est pas soumis aux mêmes règles. Les refrains habituels ressortent alors :Cette liste n'est évidemment pas exhaustive ! On ne dit pas qu'on veut bien faire des efforts parce qu’on a compris l'urgence d'en faire tous à notre petit niveau. On dit que ce sont les autres qui doivent d'abord en faire parce que nous, on n'a pas le choix.
- Les riches pollueraient plus. On accuse notamment l'effet barbecue (qui pourtant n'existe pas) en ressortant un sketch célèbre de Groland en lui attribuant autre chose que ce qu'il est : un moyen de rappeler que la soutenabilité, ce n'est pas une question de "bons gestes".
- Et puis les voitures, après tout, ça pollue quoi par rapport à un immense bateau ?
- On cite (et j'en suis agréablement surpris !) les détaxations comme celle sur kérosène pour dire que l'argent devrait être pris là
amaury a écrit :Maintenant que tout ça est dit, je reviens à l'article plus haut. Ce qui me semble intéressant, c'est le fait de rappeler que ce mouvement est intimement lié à la voiture : il a commencé autour de la protestation contre la hausse des prix à la pompe, il s'est poursuivi avec le gilet jaune et enfin, les premiers lieux visés sont des lieux essentiels aux automobilistes du périurbain. ça commence à faire beaucoup... Mais la question que je me pose, c'est : que va-t-il sortir de tout ça ?
- Solution A = Le gouvernement garde le cap. Aux prochaines élections, le populisme continue sa progression et on s'assoit définitivement sur toute perspective de créer les conditions d'un développement soutenable.
- Solution B = Le gouvernement cède. Comme pour les boulets rouges (pardon, "bonnets rouges"), on se prend encore 10 ans dans la vue avant de commencer à changer quelque chose.
- Solution C = Même s'il faudra forcément gérer la situation actuelle, on cherche à créer les conditions d'une mobilité soutenable en reprenant les recettes qui marchent ailleurs et afin que personne ne soit VRAIMENT obligé de prendre sa voiture :
Aménagement du territoire
On réagit façon tempête Xynthia en faisant un moratoire sur la création de zones d'activité en dehors des secteurs desservis directement par les TCSP (ou au prix d’investissements raisonnables),
on impose à tout projet d'aménagement d'intégrer dans son bilan comptable les coûts de déplacements tant directs qu'indirects
on gèle l'urbanisation en-dehors centres-bourgs existants tout en rendant le droit de préemption systématique,Habitat / logement
on supprime toutes les aides à la construction de maisons pavillonnaires, on redistribue les aides correspondantes sur la rénovation de l'existant ou la construction de collectif BBC à énergie positive,
on généralise les taxes sur les logements vacants dans toutes les zones "urbaines" (y compris centres-bourgs),Fiscalité environnementale
On supprime toutes les détaxations sur les carburants en redistribuant les produits de cette taxe sur l'aide à des déplacements plus propres
On maintient la taxe carbone en redistribuant les produits de cette taxe sur critères sociaux,
On taxe toutes les activités économiques et tertiaires en fonction du nombre de places de parking proposées et on redistribue le produit de cette taxe sur la réalisation de plans de mobilité et l'aide à l'installation près de secteurs desservis par des TCSP
On réduit les taxes pour toutes les activités économiques (y compris commerces) installées à côté d'un TCSPTransport
puisque toutes les intercommunalités deviendront autorités organisatrices de la mobilité dans la LOM, on les oblige toutes à créer des jalonnements pour se déplacer à pieds et à vélo depuis n'importe quelle commune vers toutes les communes voisines (par ex., en passant des accords pour utiliser les chemins agricoles),
on gèle tout aliénation de voie ferrée et on oblige à géoréférencer toutes les voies ferrées ayant existé et connaitre les propriétaires actuels des parcelles,
Vous croyez à quelle solution ?Quand on voit un mouvement qui part sur le prix de l'essence, je peux me tromper, mais j'ai de gros doutes sur la solution C...
Alarmés par les fermetures et la fréquentation des boutiques du centre d'Aurillac, des commerçants et des habitués confrontent leurs points de vue. Un premier pas pour tenter de sauver le troisième pôle commercial de la vitrine du Cantal.
La colère froide est telle que, ce soir-là, cette commerçante ne s’est pas encombrée de détails au moment de débattre lors d’une réunion publique de l’attractivité commerciale du centre-ville d'Aurillac. « Depuis le début de l’année, je n’ai jamais vu ça. C’est une catastrophe. Je ne sais pas si vous voyez tous les magasins qui ferment le rideau, la fréquentation que nous avons, c’est dingue. » Un habitant abonde et se dit « effaré ».
Solide mais toujours plus contesté, le centre-ville d'Aurillac (Cantal) face à son déclin : https://www.lamontagne.fr/aurillac-1500 ... _13551093/
Voilà pour le constat. Alors, pour éviter la « dégringolade », ils sont plusieurs commerçants à miser sur la gratuité du stationnement, notamment des parkings. Ce propriétaire de chambre d’hôte s’étonne pour sa part que lors d’une précédente réunion, les participants défendaient la solution d’un centre-ville « totalement piéton ».
Aux portes du centre-ville aurillacois, entre le cours Monthyon et la rue du Rieu, Quartus prévoit de réaliser sur l’îlot des Frères-Charmes un espace commercial, des surfaces tertiaires ainsi qu’une vingtaine de logements en accession à la propriété et à la location. La commercialisation de ces derniers serait bouclée. En revanche, une deuxième arrivée de poids se faire attendre après celle annoncée de la Fnac.
Alors que la solution des deux heures gratuites au Gravier le samedi après-midi peine à prouver son intérêt, l’association des commerçants et la mairie négocient actuellement pour proposer aux clients du temps de stationnement gratuit. En échange d'un achat dans une boutique adhérente, le client se verrait remettre un ticket de stationnement, à utiliser une prochaine fois. Environ 120 boutiques sont adhérentes de l’association Espace centre-ville, et les négociations portent sur 20.000 heures de stationnement à distribuer par an.
Changer de modèle
Une autre commerçante voit d’un mauvais œil les franchises qui « font mourir d’autres petits commerces à côté ». Selon elle, la priorité serait pour les artisans présents depuis des années de « se maintenir et se valoriser, mais pas de les étouffer. On n'a pas ce qu'il faut réellement pour consommer comme la quincaillerie par exemple. Il y a de moins en moins de bouchers. Valorisons les commerces alimentaires et le travail avant que les boutiques ferment plutôt que de chercher des franchises. C'est le modèle qu'il faut changer, soyons créatifs, innovants. Toutes les villes se ressemblent, soyons différents. »
14 %La part des enseignes nationales installées dans l’hypercentre aurillacois. C’est deux points de plus qu’en 2010. Sans surprise, l’équipement à la personne est principalement concerné (90 %). Cela représente 38 boutiques sur 264.
« Il faut de tout, rétorque Claire Chatonnier, coprésidente de l’association des commerçants du centre-ville. On a besoin de moteurs. Les touristes trouvent qu’il manque des grandes enseignes. » Un Aurillacois issu du secteur touristique tente de lier le débat sur l'attractivité commerciale du centre à celle du tourisme. Et, d'après lui, une chose est certaine : « Il n'y a pas de touristes. » Il étaye : « Je reçois des gens qui trouvent le centre-ville superbe. Il faut sauvegarder la diversité mais, les gens qui visitent veulent aussi voir de grandes enseignes. Il y a de la marque mais il y a aussi de nouveaux modes de consommation. »
Rues "glaciales"
Près d’un local sur cinq est fermé en centre-ville d'Aurillac.
Noémie Richart, cogérante de Biocoop L'arbre à pain, en périphérie d'Aurillac, admet que ce qui freine son projet d’investir le centre, ce sont les surfaces « trop petites » et cette fâcheuse tendance qu’ont les anciens commerces à se transformer en garages. « Cela rend les rues comme celle du Salut glaciales. Ça bloque le développement. » L'état des lieux de celle qui est aussi présente au marché couvert le samedi matin porte également sur l'offre alimentaire, devenue dit-elle « très compliquée ».
Et Noémie Richart d'appuyer : "C'est le néant total. Il y a des zones où le commerce de bouche est abandonné."
Ce qui n'est pas forcément vrai, en hypercentre, d'après les chiffres d'une enquête menée par la municipalité. Entre 2010 et 2018, la part de l'offre commerciale alimentaire s'est maintenue à 8 %. En revanche, lorsque l'on se tourne vers des communes au profil similaire à celui d'Aurillac, ce marché pèse en moyenne deux fois plus.
Malik Kebour
Pour lutter contre la disparition des commerces de centre-ville, l’Etat subventionne plus de 200 communes. Mais paradoxalement, 67 d'entre elles continuent d'autoriser dans le même temps les grandes surfaces à s'étendre.
La voie de l'étonnement
Art - Littérature
Publié le 26/05/2019
Par Gilles Clément
Dés-enchaînement serait un autre titre possible. On n’y est pas encore. Chacun de nous est tenu, solidement enchaîné aux lois du marché. Il nous faut une bagnole pour aller faire nos courses. Et encore ce mot est gentil, la voiture n’est plus une caisse, une tire, une charrette… c’est une punition. On n’a pas le choix. Plus de transport en commun, plus de centre-ville vivant, il faut prendre la « chiotte » et se garer en payant, passer sur l’autoroute en payant, dépasser la vitesse ou la lenteur autorisée pour payer une prune et perdre un point : la voiture obligée nous broie le cerveau, c’est elle qui nous conduit, elle nous tient en laisse, on obéit sinon on est perdu. Comment en est-on arrivé là ?
Obliger le péquin à se motoriser
Le documentaire L’homme a mangé la Terre diffusé sur Arte (*), explique bien l’arrivée de cette catastrophe, le fordisme à tout prix : obliger le péquin à se motoriser. La suppression des services publics n’est pas une entreprise imaginée par nos instances européennes, les industriels de l’automobile l’avaient mis en place depuis longtemps aux États-Unis, ce coin du monde que tout le monde copie, enfermés que nous sommes dans une illusion de la maîtrise avec pour modèle de convoitise un toujours plus gros 4x4 de ville qui ne sert à rien. Pendant ce temps on se garde bien de jeter un œil sur le fond des océans ou le nombre des oiseaux, il faut rouler et c’est tout. Aucune alternative à ce choix. Pas de ferroutage pour offrir une option aux « Bérets rouges », pas de solution autre que celle de la dépense obligée pour les Gilets jaunes. Dans quelle direction allons-nous ? Pas de réponse à cette question, il faut rouler, c’est tout.
Vous devez rouler ou vous taire
Ainsi parle la gouvernance totalitaire de l’ultralibéralisme mondial, vous devez rouler et vous taire. On vous donne gratuitement l’itinéraire, il suffit de cliquer sur le nom d’une ville ou d’un village et le chemin à suivre s’inscrit sur l’écran avec les commentaires d’usage : tournez à droite, tournez à droite, tournez à droite…
Le GPS nous conduit dans le puits sans fond de la mémoire perdue. Nous suivons le chemin même si nous ne savons pas où il mène et pourquoi, de façon servile et décérébrée, nous l’empruntons.
Peut-on se désenchaîner, abandonner la laisse qui nous tient par le cou et se remettre sur pied ? Pour parvenir à se libérer sans doute faudrait-il une immense poubelle pour y jeter de façon définitive les non-recyclables de la consommation, les outils de l’injonction, les machines à commander nos pas, les sonneries d’alarme si nos ceintures ou nos lacets de souliers ne sont pas bien attachés, les clignotants d’appels pour faire venir les livrables cuisinés, maîtres de nos estomacs… un ensemble bien calculé pour nous amener à la totale dé-responsabilisation, victoire des assureurs, ils le disent, il vous faut une assurance-vie sinon vous mourrez !
Partez à pied dans l'herbe
Vous êtes prêts ? Attention, debout, si, si, c’est possible, vous avez le droit, mettez juste un pas devant l’autre, inutile de courir, pas obligé de prendre une canne de marche électro-suédoise qui donne l’état de votre cœur, vous pouvez choisir votre rythme, celui de votre corps et non celui de la télécommande, abandonnez la punition, partez à pied dans l’herbe, regardez le cérambyx qui sort du bois, il a les antennes en prospection, il palpe l’air avant de se lancer. Faites comme lui, partez vers la lumière qui vous attire, abandonnez le chemin tracé et l’illusion de la maîtrise. Vous saurez enfin pourquoi vous ne savez pas où l’on va : vous découvrez, vous vous demandez pourquoi on ne vous a jamais parlé du cérambyx, vous empruntez la voie de l’étonnement et non celle de l’asservissement.
(*) Diffusé le 30 avril 2019, disponible en replay jusqu’au 28 juin.
Gilles Clément
Parcours
Le Jardin en Mouvement, le Jardin planétaire (exposition à la Villette en 1999/2000), Le Tiers-Paysage (2003), sont les trois principaux concepts que développe Gilles Clément. Plusieurs prix consacrent son œuvre dont le « Grand prix du paysage » en 1998. Le Parc André Citroën (en co-conception), le Domaine du Rayol dans le Var, les Jardins de l’Arche à Nanterre, les Jardin de Valloires dans la Somme, le parc Matisse à Lille, le jardin du musée du Quai Branly à Paris, Le toit de la Base sous-marine de Saint Nazaire (Jardin du Tiers-paysage) font partie des projets les plus connus du public. En 2019 à Lausanne une exposition itinérante, créée en 2013 , « Toujours la vie invente » montre les réalisations et les recherches.
Le prochain magazine "Pièces à conviction", qui sera diffusé le mercredi 20 novembre à 21 heures sur France 3, est parti à la rencontre de ces jeunes des campagnes que l’on ne voit pas, que l’on n’entend pas, et que cinquante ans de politique d’aménagement du territoire a fini par laisser sur le bord de la route.
Aujourd’hui, 60% des jeunes vivent loin des grandes villes. Pour eux, peu ou pas de train ou d’internet, des services publics qui disparaissent, des formations peu qualifiantes ou inaccessibles, des emplois précaires…
Pendant six mois, le magazine "Pièces à conviction", diffusé le mercredi 20 novembre à 21 heures sur France 3, est parti à la rencontre de ces jeunes que l'on ne voit pas, que l'on n'entend pas.
A 18 ou 19 ans, certains n'ont jamais vu la mer ou même pris le car tout seul
Dans leurs petites villes, leurs villages, beaucoup ont la sensation d’être piégés, oubliés, et de ne pas bénéficier des mêmes chances que les jeunes des métropoles
Pour aller au lycée, c'est parfois le parcours du combattant, avec des trajets interminables en raison d'une fermeture d'une ligne SNCF
D'autres habitent en pleine zone blanche : comme dans 10 000 villages français, pas d'internet. C'est compliqué pour eux d’étudier dans de bonnes conditions
À Sochaux, Quentin, 25 ans, déchante : comme 50 % des ouvriers de fabrication de l'usine PSA dans le Doubs, il est intérimaire. Précaire, il travaille les week-ends et les jours fériés pour tenter de gagner un salaire décent. Pourquoi l'Etat tolère-t-il ce recours abusif à l'intérim ?
Non seulement les intérimaires, mais aussi les jeunes en apprentissage craquent : 28% des apprentis abandonnent en cours de route et rompent leur contrat d’apprentissage, dénonçant des conditions de travail indignes
Tout simplement parce que 50 ans "d'aménagement du territoire" exclusivement centré sur les métropoles et les agglos (grosses de préférence) et les moyens qui vont avec, ont fini par créer ce split entre 2 mondes.
Je me suis demandé pourquoi l'on continue à concentrer les activités principales au centre de la ville mais en périphérie pas grand chose (sauf ZI) ?
Revenir à « Le forum de Lyon en Lignes »
Utilisateurs parcourant ce forum : Nat et 42 invités