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- mais… Top, tu ne peux pas écrire ça sur le forum!
- ben… pourquoi pas ?
- mais tu vas te faire massacrer !
- je sais bien, mais mon raisonnement tient la route, non ?
- oui sans aucun doute mais… on ne parle pas de ces choses là sur les forum de TC… ça ne se fait pas, c’est… tabou...
- je sais mais je prends le risque... Advienne que purée![/size]
Au vu des débordements passés j’ai beaucoup hésité avant d’écrire ce post sur un sujet aussi polémique que le
tramway sur pneus. Ou trolleybus guidé si vous préferez. Ou TVR, GLT, pneumorail, chenille, troguignol, bidule, machin, zouaverie pneumatogène ou tout ce que vous voulez. De toute façon je ne lance pas un débat d’appellation et j’ose espérer que le sujet ne dérivera pas vers une polémique sans fin et sans fond à ce propos, pas plus qu’en de vaines digressions d’ingénieur plus ou moins compétent sur les efforts latéraux exercés sur le rail du Translohr en virage ou autre vérité précuite du même accabit, ni en recueil de blagues de potache s'il vous plait. De toute façon je n’évoquerai le Translohr qu’en exemple, restons focalisés plutôt sur le concept même. Car je ne suis pas un intégriste du pneu, je lance le sujet parce que j’essaie de proposer une réponse à la problématique du plateau Nord et ne demande qu’à en débattre paisiblement. :?
Merci d’avance. :wink:
Bon venons-en aux faits. Un
pneumorail sur le plateau Nord ? Et pourquoi pas après tout ! Une fois n'est pas coutume, je vous épargne mes traditionnelles tartines pour une présentation un peu plus simple et claire du projet.
le projet : relier le plateau Nord à la Presqu’île par un mode lourd et rapide
la situation actuelle : un métro C trop court et à la fréquence insuffisante. Au Nord du terminus Cuire, une longue emprise réservée qui pourrait permettre de réaliser une voie en site propre pour… presque rien. Pas de liaison avec le Sud de HDV donc des possibilités de trajet limitées.
la problématique : entre HDV et Croix-Rousse, une pente à 20%, infranchissable en adhérence rail. À HDV on se trouve en impasse, impossibilité de prolonger vers le Sud sans tout casser.
les projets envisagées jusqu’à présent : prolonger le métro C vers le Nord avec le même matériel à Crémaillère. Mais les rames de MC coûtent une fortune (on parle de 6 millions d’€) rendant un tel prolongement économiquement absurde étant donné que la crémaillère ne serait utilisée que sur une très faible portion de la ligne. De plus vers le Sud on est toujours bloqués à HdV.
Laisser MC en l’état, le mettre en correspondance avec un tram qui s’arrêterait à Cuire. Inconvénient : multiples ruptures de charge.
Abandonner le métro, au profit d’un tram qui redescendrait en adhérence par un tunnel en S. Inconvénients : coûts, faisabilité à vérifier.
Faire descendre un tramway par le boulevard de Croix-Rousse puis cours Giraud. Inconvénient : un détour important qui se paiera en temps de parcours, en besoin en matériel roulant et en coût de construction/exploitation. Correspondance avec MA délicate, impossible à HdV vu l’étroitesse des rues et les virages qu’il faudrait négocier.
l’alternative : utiliser le tunnel de la rue Terme pour y faire passer une ligne de mode lourd reliant directement le plateau Nord à la place des terreaux puis HDV. L’intérêt de cette infrastructure est multiple : on se trouve dans l’axe du boulevard des Canuts donc on constitue un axe Nord-Sud rapide pouvant irriguer toute la Presqu’île. On peut laisser MC en l’état. Une telle ligne pourra judicieusement se prolonger vers le Sud, par exemple vers les quais de Rhône, afin de desservir l’ensemble de la Presqu’île.
Comment ? le tunnel précédemment converti au mode routier semble utilisable par un véhicule de transport en commun sur pneus. En effet si la pente établie à 16% est infranchissable pour un roulement fer, elle reste praticable pour un véhicule electrique sur pneus (en tout cas bien plus que le tunnel HDV-Croix-paquet et ses 20% ponctuels). Par ailleurs les dimensions de l’ouvrage semblent largement suffisantes pour faire passer un véhicule de grand gabarit dans les deux sens. Mais quel véhicule ?
Cahier des charges du matériel : On va donc chercher un véhicule électrique sur pneus capable de monter et descendre du 16%. Néanmoins il devra présenter une capacité d’accueil équivalente à celle d’un tramway standard, afin de proposer une desserte attractive sur le plateau. Son rayon de braquage doit être réduit au minimum afin de pouvoir rejoindre HdV au bas des pentes. Mais on demandera aussi un coût d’infrastructures limité au maximum.
quel matériel convient ? on pourrait être tenté de proposer un trolleybus articulé voire bi-articulé. Mais on se trouve alors confronté à un problème de capacité d’accueil par rapport à des trams de 36m. Rajouter alors des remorques n’est pas envisageable: pour des raisons de légalité (ensemble routiers limités à 24m) mais aussi de comportement routier et de trajectoire.
Par la force des choses on en vient alors à un véhicule sur pneus de grande longueur et guidé mécaniquement par un rail central.
un exemple : le Translohr : Actuellement Translohr semble être le seul produit à s’approcher de ce cahier des charges.
Capacité d’accueil : le Translohr est homologué jusqu’à 39m ; à largeur égale sa capacité d’accueil se rapproche de celle d’un tram standard, en tout cas s’annonce bien supérieure aux plus grands trolleybus. (296 personnes en 39x2,20)
Déclivités : Lohr annonce 13% de pente maximale pour son bébé. 13% ce n’est pas 16% certes. Mais ce n’est pas très loin. Sans compter que les 13% annoncés concernent des infrastructures à l’air libre alors que le tunnel est protegé de la pluie/neige/gel. Le TVR de Nancy qui utilise une technologie proche avale du 13% sans aucun problème à Brabois et en tant que passager on ne doute pas une seconde qu’il pourrait grimper plus raide encore. On pourra me dire que je ne suis pas ingénieur Lohr et que je n’y connais rien, mais j’ose avancer qu’en adaptant légèrement certaines caractéristiques du matériel et du revêtement, les 16% ne posent pas de problème majeur. (et nul doute qu’au vu du marché potentiel, Lohr a tout interêt à effectuer les adaptations necéssaires)
Rayon de giration : on est dans des chiffres similaires à ceux d’un autobus : aucun problème pour rejoindre HDV depuis le tunnel Terme via les Terreaux.
Pour le passager l’engin est attrayant, il présente une esthétique proche d’un tram traditionnel, éventuellement personnalisable avec une face avant lyonnaise pour l’intégrer dans le réseau tram (ne me tapez pas !), un accostage efficace au quai et un plancher surbaissé, le confort de la traction electrique.
Pour l’infrastructure, bien que Lohr se vante de minimiser les coûts, il n’est pas certain qu’on soit beaucoup moins cher avec des pistes de roulement béton que des simples voies posées sur ballast. Mais les tarifs restent à n’en pas douter sans aucune mesure avec les autres solutions précitées.
Des contraintes toutefois également :
On se retrouve alors dans le même type de problématique que pour MC, à savoir un matériel différent qui requiert des infrastructures d’entretien spécifiques, et incompatible avec toutes les autres lignes de tram. Certes, mais le surcoût engendré est à relativiser par l’accroissement de la fréquentation TC sur l’axe, par le différentiel d’exploitation par rapport aux poussifs bus actuellement utilisés. Rajoutons que les engins sur pneus utilisent de nombreuses pièces communes avec les trolleybus. Sans compter qu’on pourra éventuellement équiper d’autres lignes avec le même matériel, en tout cas celles qui présentent des déclivités rhédibitoires pour un tram fer (ou encore des virages trop serrés pour les bogies ferroviaires), par exemple la montée de la Boucle ou des Soldats, ou pourquoi pas faire monter l'engin vers Saint-Just et le plateau Ouest. Surcoût à comparer aussi à toutes les autres solutions proposées pour desservir le plateau Nord… De toute façon à Lyon on se retrouve confrontés à la contrainte du relief, cette contrainte n'est pas insurmontable mais elle se paie en terme d'intéropérabilité du matériel. Plutôt que de ne rien faire, mieux vaut créer un nouveau réseau de matos sur pneus sur 3 ou 4 lignes à très forte déclivité, au sein duquel le matos sera intéropérable.
Autre contrainte, la ville est définitivement prisonnière d’une technologie brevetée et déposée. Certes, cela peut poser problème lors du renouvellement du matériel. Mais à court et moyen terme la solution est viable au moins pour la première génération de matos, soit 20 ou 30 ans si ça vieillit bien, et espérons-le pour les générations suivantes. De toute façon on ne se trouve pas dans le cas de figure plus périlleux d’une ville qui concevrait l’intégralite de son réseau de TC autour de ce système.
Dernière contrainte majeure de l’engin : le rail incompatible avec les rails fer traditionnels qui ne peuvent même pas le croiser. Il s’agit là d’un défaut majeur et totalement insurmontable qui réduit considérablement l’intérêt du système, j’en conviens. Néanmoins entre plateau Nord et HdV on ne croise pas d’autre ligne de tram selon les prévisions. Après si on emprunte les quais de Rhône, il est toujours possible de passer en trémie, ce n’est pas ce qui manque dans le secteur loin s’en faut.
Si le modèle Translohr conviendrait à peu près au cahier des charges faute de mieux, il n’est pas la panacée. Reste à attendre la conception d’un véhicule aux caractéristiques similaires, mais guidé par un dispositif fiable, simple, qui ne condamne pas l’autorité organisatrice à rester fidèle au constructeur ad vitam aeternam, et qui soit compatible avec les rails fer traditionnels. Dés lors on pourra proposer une ligne performante en capacité d'accueil et vitesse commerciale pour relier tout le plateau Nord à HdV et à l'ensemble de la Presqu'île, pour un coût relativement contenu, et sans travaux majeurs d'infrastructures... donc à court voire
très court terme. Alors pourquoi pas après tout?
En fait j’ai l’impression qu’à Lyon on se trouve pile-poile dans la fenêtre de pertinence du mode pneus-guidé… contrairement à la plupart des autres villes qui s’en sont dotées.
Voilà. Me tapez pas trop fort siouplait

ops:
<<< Thalys contre Intercity, l'intermodalité à la néerlandaise...
Tramway, vélo, train: les modes de transport du XIXè siècle seront aussi ceux du IIIè millénaire.