L'heure d'hiver peine toujours à prouver son intérêt
JEAN-FRANÇOIS ARNAUD.
Publié le 28 octobre 2006Actualisé le 28 octobre 2006 : 20h58
http://www.lefigaro.fr/france/20061028. ... teret.html
La France, comme toute l'Europe, va retarder ses montres d'une heure. Personne n'est en mesure d'apporter la preuve que ce changement d'heure a un intérêt économique.
EXCELLENTE nouvelle pour les travailleurs fatigués : ce week-end, leur repos dominical va durer une heure de plus qu'à l'habitude. Grâce à la mise en place, dans les frontières de l'Union européenne, de l'heure d'hiver, nous allons gagner une heure de sommeil la nuit prochaine.
Mais, au-delà du vieux débat sur les difficultés des jeunes enfants et des animaux d'élevage à s'adapter à cette valse des aiguilles, l'intérêt économique de la mesure s'avère difficile à évaluer. « Les chiffres indiquent que le changement d'heure permet d'économiser 1,3 milliard de kWh sur une année », indique François Moisan, directeur de la stratégie et du développement de l'Ademe, l'agence gouvernementale chargée de promouvoir les économies d'énergie. Il s'agit de 4 % d'économies réalisées sur la facture d'éclairage, qui ne pèse elle-même que 15 % de la facture énergétique annuelle de la France.
Au prix, admis par tous, de 0,11 euro le kWh, l'économie s'élève donc à 143 millions d'euros. Une jolie somme certes, mais qui ne représente même pas la moitié du budget de l'Ademe (309 millions d'euros et 820 salariés en 2006).
Autre réserve à apporter à ces chiffres - les seuls disponibles sur le sujet -, « il s'agit d'estimations faites par EDF en 1995, admet l'expert de l'Ademe, nous n'avons pas hélas de données plus récentes. » De plus, comme il s'agit d'économies réalisées sur les frais d'éclairage, elles sont susceptibles de varier considérablement selon la nébulosité du moment.
« Des coûts particuliers que nous n'avons jamais chiffrés »
Mais il est encore plus difficile de tenter d'estimer le coût économique du changement d'heure. C'est pourtant bien en rapportant les économies attendues au coût réel d'une mesure que l'on peut savoir si elle est utile. « Nous n'avons pas fait d'estimations des coûts, Le changement d'heure, c'est typiquement une bonne idée qui ne coûte pas grand-chose », affirme-t-on à l'Ademe.
On est plus nuancé à la SNCF : « Le changement d'horaire des trains est intégré dans nos programmes plus de deux ans à l'avance, et l'ensemble des horloges des gares françaises est maintenant piloté automatiquement par radio. » La dernière horloge manuelle, celle de la gare de Lyon à Paris, a été automatisée récemment. « Le changement d'heure a pu générer des coûts particuliers que nous n'avons jamais chiffrés ». Et quand les trains de nuit sont immobilisés soixante minutes en gare, pour attendre l'heure nouvelle, les agents ne touchent pas de prime. « Ils récupèrent cette heure six mois plus tard », indique la SNCF. Dans le ciel, les quelque 200 long-courriers d'Air France qui volent à ce moment-là, poursuivent leur trajet. « Un avion à 800 km/h franchit un fuseau horaire par heure, explique le transporteur. Jongler avec le temps, c'est un peu notre métier. »
